Vent de panique sur l'économie mondiale
Ainsi, comme dans Les animaux malades de la peste de La Fontaine, tous ne meurent pas, mais tous sont touchés par cette crise de confiance. Les banques au premier chef, dont la somme des pertes annoncées du fait de la crise des subprime atteignait déjà environ 130 milliards de dollars en janvier dernier, et pourraient atteindre au final 220 à 450 milliards de dollars. Mais aussi les fonds spéculatifs, auxquels les banques ne prêtent plus de quoi jouer sur les marchés, mais leur réclament à l'inverse des débuts de remboursements que certains ne peuvent assurer compte tenu de la chute du prix des crédits immobiliers sur lesquels ils avaient parié. C'est ainsi que le fonds Carlyle Capital Corporation, qui avait emprunté 32 fois la valeur de son capital, a fait faillite à la mi-mars. Les banques d'affaires également, telle Bear Stearns, rachetée pour une poignée de dollars par JP Morgan. L'ensemble nourrit une instabilité des Bourses et une fragilité du dollar qui ajoutent au sentiment général de panique.
Il n'y a aucune raison que les nuages noirs de la finance américaine s'arrêtent aux frontières de l'Europe. Même si la croissance de la zone euro et celle de la France résistent, le mélange de récession américaine, de forte hausse de l'euro et de panique financière finira par nous toucher. A moins que les autorités monétaires et les gouvernements ne trouvent la parade à la crise par un mélange de subtiles interventions monétaires et de relance budgétaire. Ce qui est loin d'être assuré, mais représente l'enjeu crucial des semaines et des mois qui viennent.
Christian Chavagneux, Guillaume Duvalhttp://www.alternatives-economiques.fr/vent-de-panique-sur-l-economie-mondiale_fr_art_699_36336.html
Alternatives Economiques - n°268 - Avril 2008