Comment reconquérir le "vivre ensemble" ? Présentation de l'atelier

Publié le par Réinventer la gauche

17435176-p-copie-1.jpg« Comment reconquérir le vivre ensemble dans une société qui fait primer l’individu sur le tout ? »

Emmanuelle Prouet – Olivier Daronnat

Lors des deux dernières campagnes présidentielles, le parti socialiste a semblé redécouvrir l’individu, comme s’il l’avait étonnamment négligé depuis trop longtemps.
Avec la désagrégation ces dernières décennies des utopies collectives tel que le socialisme, mais aussi dans une certaine mesure le patriotisme républicain, se sont en effet imposées des valeurs plus prosaïques, marchandes et individualistes, que l’on peut résumer sous l'étiquette de "libéralisme".
Depuis la Libération, les rapports entre individu et collectif ont indéniablement évolué mais c’est moins l’individualisme qui a émergé que le collectif qui a reculé.

Face à ces évolutions, le modèle social-démocrate s’est épuisé en Europe et n’a pas su prendre en compte cette mutation. Alors que le continent n’a jamais été aussi riche, le chômage persiste et dure depuis 30 ans. Partout des Européens s’interrogent sur leurs valeurs et leurs identités tandis que les démocraties nationales se dessaisissent au profit d’une Union européenne si peu démocratique. Dans la même période le capitalisme financier continue à se mondialiser ôtant la possibilité aux salariés de se défendre. La social-démocratie européenne a souvent accompagné ces processus, gérant « au mieux » l’existant, renonçant en fait à bâtir de nouveaux projets collectifs au-delà du cadre libéral.

En France, le bilan des années de pouvoir socialiste - certes incomparable avec celui de la droite au pouvoir- n’a pas non plus réussi à combattre efficacement les inégalités sociales et territoriales. Cette impuissance dans l’action s’est doublée d’une absence totale de réflexion. La gauche a donc cessé d’être crédible, ce qui a encouragé les citoyens à se détourner d’elle lors des scrutins nationaux. Pire encore, la gauche a cru être convaincante en adaptant son projet aux strictes demandes individuelles et en faisant sienne les critiques libérales contre les solidarités collectives qui persistent.

L’enjeu est donc aujourd’hui de reconstruire les bases d’un projet collectif mu par l’utopie d’une société solidaire et juste, dans laquelle justement chacun peut s’épanouir individuellement, selon ses choix personnels et dans le respect du cadre collectif. Or pour permettre cette émancipation individuelle de tous, il y a des préalables : celui de la justice sociale et de l’égalité. Ce sont les conditions pour permettre à chacun, quelle que soit son origine ou sa situation sociale d’accéder à ces libertés individuelles.

Commençons par reconstruire notre projet collectif et le débat sur les valeurs et la place de l’individu trouvera naturellement son sens et son débouché !

Nous avons donc choisi de débuter cette réflexion par le regard croisé de deux intervenants qui nous feront part de leur expérience et de leur analyse dans deux domaines différents.
Mohamed Mechmache, président d’AC le Feu décrira l’émergence citoyenne de ce collectif qui a été créée après la révolte de novembre 2005.
Eric Polian, spécialiste des conditions de travail dans les entreprises, nous montrera comment la désintégration du collectif dans le travail entraîne la montée de la souffrance des travailleurs.


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article